Peryferie jako wartość w najnowszym reportażu i eseistyce polskiej

Abstract

On the 24th of October 2019, at the lecture hall of the faculty of Philo­logy of the Białystok University, Professor Małgorzata Czermińska gave a lecture entitled “The Peripheries as a Value in Contemporary Polish Non­‑Fiction Prose and Essays”, which was part of the series “Masters’ Lectures”. The audience were scientists and students of the University, as well as students of secondary schools from the Podlasie region with their teachers. Professor Książek­‑Czermińska is an outstanding literary historian and theoretician, a scholar of Polish literature who has been working at the University of Gdansk for her whole life. She was a student of Professor Maria Janion. She also worked at the Pedagogical University in ­Bydgoszcz, the Grodno University in Belarus, and the University of Michi­gan (USA) and University of Cambridge (UK) (she spent one semester at the two last universities, as a lecturer). The main achievements in her lifelong academic career include the second, revised edition of the book: Autobiograficzny trójkąt: świadectwo, wyznanie, wyzwanie (The Autobiographical Triangle: Witness, Confession, Challenge) (2020) and its translation (the book was translated by Professor Jean Ward from the UG), published by Peter Lang, Berlin 2019. Apart from books, she has published more than a hundred articles and essays on literary theory, both in collective publications and in national and foreign academic journals. During her Master’s Lecture, the scientist convinced the audience that the widest context for understanding the peripheries as a value is provided by the trend in twentieth­‑century historical studies, represented mainly by the French Annales school, that turns its back to the traditional, event­‑based history to focus on long­‑term existence and the history of daily life instead. This perspective allowed the researchers to appreciate the value of oral testimonies and non­‑verbal material sources. This approach provided justification for the images of life in the peripheries that are found in contemporary historical non­‑fiction works. However, this obviously does not imply that I treat the discussed works as an illustration of historiographic theories. The article presents selected exam­ples of this dynamically developing genre that were published at the end of the second decade of the 21st century: Usypać góry. Historie z Polesia (Raise the Hills. Stories from Polesie) by Małgo­rzata Szejnert, Bieżeństwo 1915 – zapomniani uchodźcy (Bezhenstvo 1915. The Forgotten Refugees) by Aneta Prymaka­‑Oniszk, Miedzianka. Historia znikania (Miedzianka. A Story of Disappearance) by Filip Springer and Mój płaski kraj Żuławy (My Flat Land Żuławy) by Andrzej Kasperek. Referring the texts to spatial order has become an important category that unites the selected examples. The interpreted books were arranged in form of a quadrangle covering the peripheries of the contemporary territory of Poland, showing the borderlands with Belarus and Russia to the East and Germany to the West and North. A plane for interpretational generalisation of these four books can be found in the essays by Krzysztof Czyżewski who calls himself a practitioner of ideas and who has been building an original concept of borderlands, ­peripheries and provincial areas for several decades. He covers a large area, as his field of exploration is Central and Eastern Europe. The essence of his writings and activities has been presented to the fullest extent in the selection of essays entitled W stronę Xenopolis (Towards Xenopolis). The basis for the idea of xenopolis consists of two principles. The first one is the respect for the otherness of a guest, who is accepted without abandoning own identity. The second one is the paradox that, in Polish, the words strangeness and relationship (­“obcość–obcowanie”) grow from the same root. Strangeness guarantees the right to be oneself, while relationship allows to build and practice intimate closeness.

Le 24 octobre 2019, dans le cadre de la série « Conférences des maîtres », le professeur Małgorzata Czermińska a donné une conférence intitulée Des périphéries en tant que valeur dans la prose contemporaine d’essai et de reportage dans l’auditorium de la Faculté de philologie de l’Université de Białystok. La conférence fut suivie par des chercheurs et des étudiants de l’université, ainsi que par des lycéens de Podlasie accompagnés de leurs professeurs. Le professeur Książek‑Czermińska est une éminente théoricienne et historienne de la littérature, une philologue polonaise restée liée toute sa vie à l’université de Gdańsk. Elle fut l’élève du professeur Maria Janion. Elle a également travaillé à l’École supérieure de pédagogie de Bydgoszcz, à l’université de Grodno en Biélorussie, à l’université du Michigan aux États‑Unis et à l’université de Cambridge au Royaume‑Uni (dans ces deux universités, elle a prodigué des cours en anglais pour des durées d’un semestre). Les réalisations les plus importantes de ces nombreuses années de recherches sont la 2e édition révisée du livre Autobiograficzny trójkąt: świadectwo, wyznanie, wyzwanie (2020) [Le Triangle autobiographique: témoignage, confession, défi (2020)] ainsi que la traduction de cette édition (par le professeur Jean Ward, de l’Université de Gdansk) The Autobiographical Triangle: Witness, Confession, Challenge, publiée par Peter Lang, Berlin 2019. En plus de livres, elle a publié plus d’une centaine d’articles et d’essais critico‑littéraires dans des ouvrages collectifs et dans des revues académiques polonaises ou internationales. Lors de cette conférence de maître, la chercheuse a fait valoir que pour comprendre la périphérie en tant que valeur, il convenait d’examiner le contexte plus large du courant de l’historiographie du XXe siècle, principalement le courant historique français de l’École des Annales, qui s’est détourné de l’histoire événementielle traditionnelle pour se pencher sur les facteurs du long terme, sur l’histoire de la vie quotidienne. Dans cette perspective, les témoignages oraux et les sources matérielles non verbales constituent des objets d’études appréciés par l’historien. Cette manière de penser l’histoire apporte une justification aux images de la vie des périphéries que nous trouvons dans les reportages historiques contemporains, ce qui ne signifie pas, bien sûr, que je traite les reportages en question comme des illustrations des théories historiographiques. L’article explore des exemples choisis de ce genre qui connait un succès croissant, publiés à la fin de la deuxième décennie du XXIe siècle: Usypać góry. Historie z Polesia. [Ériger les montagnes. Récits de Polésie] par Małgorzata Szejnert, Bieżeństwo 1915: zapomniani uchodźcy [Bieżeństwo 1915: les réfugiés oubliés] par Aneta Prymaka‑Oniszk, Miedzianka. Historia znikania [Miedzianka. Histoire d’une disparition] de Filip Springer, et Mój płaski kraj Żuławy [Mon plat pays, les Żuławy] d’Andrzej Kasperk. La référence des reportages à l’ordre spatial constitue une catégorie importante unifiant les exemples sélectionnés. Les exemples choisis dans ces livres sont disposés sur un quadrilatère superposé à la périphérie du territoire polonais contemporain; ils traitent des zones frontalières du Belarus et de la Russie à l’est, et de l’Allemagne à l’ouest et au nord. Le plan des généralisations interprétatives des quatre reportages figure dans l’essai de Krzysztof Czyżewski, lequel se dit praticien des idées et élabore depuis plusieurs décennies un concept original traitant de la frontière, de la périphérie et de la province. Ce concept couvre un vaste territoire et fait de l’Europe centrale et orientale son champ d’exploration. L’essentiel des écrits et des activités de Krzysztof Czyżewski est présenté de manière plus complète dans le recueil d’essais W stronę Xenopolis [Vers Xenopolis]. L’idée de Xénopolis repose sur deux principes. Le premier est le respect de l’altérité de l’hôte, lequel est accueilli sans que l’on ne renonce à sa propre identité. Le second réside dans le paradoxe de la racine étymologique commune de l’altérité (en polonais obcość) et du vivre avec (obcowanie). L’ altérité garantit le droit d’être soi‑même, tandis que le vivre avec offre la possibilité d’établir et de pratiquer une proximité intime.