"Do cudzych krajów". Edukacyjne podróże szlachty polskiej do Francji w epoce saskiej

Abstract

Le voyage joue un rôle fondamental dans la communication sociale. Il est désormais possible, grâce aux recherches menées dans ce domaine de l'activité humaine, de reconstruire la connaissance du monde des individus et des groupes sociaux de jadis, car la mobilité permet de mesurer la dynamique du développement d'une époque. Dans le cas de la Pologne, c'est à partir du XVe siècle que l'on se met à bouger et, en particulier, à découvrir l'Europe occidentale. Visiter l'Allemagne, la France ou l'Italie trouve peu à peu à s'ancrer dans la tradition du modèle éducatif des magnats, des nobles et des bourgeois. Parfaire son éducation par la connaissance d'autres systèmes politiques et juridiques, ainsi que de langues, de cultures et de mceurs étrangères finit même par devenir un passage obligé pour tout jeune Polon ais se voulant "cultivé". En considérant les travaux des historiens du XVIIle siècle polonais, on ne peut qu'être frappé par le nombre restreint et les dimensions réduites des études consacrées à l'époque saxonne par rapport à celles concernant l'époque stanislavienne. Depuis quelques décennies cependant, on constate un intérêt croissant pour cette époque, jusque-Ià méprisée et injustement assimilée à une époque de déclin politique, social et culturel de la République des Deux Nations. Les historiens qui prônent l'idée du «nouveau regard sur l'époque saxonne» encouragent la réévaluation de cette période, précédant celle du règne de Stanislas Auguste, et espèrent la libérer de la légende noire qui l'emprisonne. La thèse sur les voyages éducatifs des Polonais à l'étranger de Małgorzata Kamecka s'inscrit dans ce courant : selon l'une des opinions les plus répandues et injustifiées, la période saxonne se caractérise par une baisse considérable de contacts avec l'étranger et une fixation dans les idées sarmates, voire xénophobes. Le travail comporte cinq chapitres. Le premier présente les idées sur le rôle de l'éducation a letranger, formulées par des pédagogues, des moralistes, des écrivains et des hommes politiques. Afin de permettre une analyse plus exhaustive, ainsi que l'examen de l'évolution des attitudes, l'auteure a opté pour un élargissement du cadre temporei de son étude (XVIe-XVIIIe siècles). Dans le deuxième chapitre, elle se focalise sur la caractéristique du phénomène des voyages éducatifs, dans lequel on distingue deux groupes : le premier considère que parfaire sa formation revient à suivre des cours particuliers et à acquérir une éducation mondaine, tan dis que le second priviIégie des critères purement scientifiques où l'éducation est couronnée par un diplôme universitaire. L’analyse du phénomène s'effectue sur la base des cas les mieux documentés et selon les aspects suivants : personne-inspiratrice du voyage, age du(des) voyageur(s), compagnon(s), durée du voyage. Dans la deuxième partie de ce même chapitre, l'auteure s'appuie sur l'histoire de la famille Zamoyski et passe en revue les pérégrinations effectuées par ses membres durant trois siècles. A son avis, cette famille est l'une de celles qui incarnent le mieux la tradition du voyage à l'étranger, dont en France : elle y est restee fidèIe et attachée quelle que soit la période dans l'histoire du pays. Comme l'apprentissage des langues constitue l'un des éléments essentiels des voyages à létranger, l'auteure s'interroge dans le troisième chapitre sur la connaissance des langues parmi les nobles polonais. Elle accorde toute son attention à des aspects tels que les méthodes d'enseignement, le choix des langues (français, italien, anglais), le déroulement de l'apprentissage. Les questions posées dans ce chapitre sont multiples : à quel point la connaissance de la langue favorise-t-elle l'adaptation à la vie dans un pays étranger? Diminue-t-elle le sentiment de dépaysement? Facilite-t-elle la réalisation de l'objectif du voyage? Comment est-elle perçue par les défenseurs des valeurs nationales? Dans le quatrième chapitre, l'auteure présente l'image de la France et des Français telle qu'elle apparaît dans les récits de voyageurs polonais choisis. Elle soumet à une analyse détaillée les observations concernant l'histoire et le patrimoine culturel de la France, les traditions, les usages et les rites. Trois éléments essentiels la guident dans cette analyse : la description des villes et villages, celle des habitants et celle des paysages. Le dernier chapitre, le plus vaste, aborde quelques aspects de la présence des Polonais en France, en particulier : la réalisation de lobjectif éducatif de leur voyage, leurs visites de bibliothèques, de manufactures, d'établissements de charité, etc. Puis l'auteure s'attache à presenter la vie quotidienne des voyageurs (finances, logement, achats) . II est incontestable que la réussite du voyage dépend également des relations que le voyageur entretient avec son précepteur à qui les parents confient leurs enfants. Finalement, l'auteure se concentre sur la façon dont les Polonais sont perçus par les Français et sur les opinions qui circulent à leur sujet parmi ceux-ci. Font partie des sources (manuscrites et imprimées) : des récits de voyage, des mémoires, des journaux, des correspondances, des registres de dépenses, des textes pédagogiques, des discours funèbres. II est à noter que l'état des sources manuscrites, très souvent dispersees et incomplètes, demande une attention et une minutie particulières de la part de to ut chercheur se trouvant devant la tâche d'analyser les voyages en France des Polonais dur ant la première moitie du XVIIIe siècle.